mercredi, mai 14, 2008

L’Iran s’invite au 60ème anniversaire d’Israël..


Le président iranien, Mahmoud Ahmadinedjad, a réitéré ce mercredi ses propos hostiles à l’Etat hébreu, qui célèbre son 60ème anniversaire. Le président de la République islamique a assuré que "le monde fête aujourd’hui un mort".


Transmis à la télévision officielle iranienne, Ahmadinedjad a rappelé que « les peuples de la région vont détuire Israël, à la première occasion ». « Ces peuples détestent cet Etat criminel et attendent l’opportunité pour le rayer de la carte, et les Puissances occidentales savent très bien que l’Etat sioniste agonise », a-t-il affirmé.


Cette nouvelle attaque verbale iranienne était prévisible. Téhéran et sa mollarchie poursuit l’encerclement d’Israël à travers la prise du contrôle de Gaza par Hamas interposé, et sa tentative de prendre le pouvoir au Liban grâce au coup d’Etat mené ces derniers jours par le Hezbollah. A cet égard, des sources druzes affirment en effet que les combats qui ont opposé les habitants du Chouf, à Barouk (la plus haute montagne de la partie méridionale du Liban) aux combattants du Hezbollah, venus de la Bekaa pour encercler et soumettre le fief de Walid Joumblatt, ont fait une soixantaine de morts parmi les assaillants. Les druzes ont également capturé plusieurs combattants, dont de nombreux Iraniens.


La présence de Gardiens de la Révolution dans les rangs du Hezbollah ôte le dernier voile sur les véritables intentions de ce parti, fondé sur ordre de l’ayatollah Khomeïny en 1982-1983. Après avoir installé le Hamas à Gaza, l’axe iranien cherche à s’emparer de la montagne libanaise, afin de dominer stratégiquement la Méditerranée orientale et de couvrir l’ensemble de l’espace aérien israélien depuis le Mont Barouk (Niha). Parallèlement, un responsable du Hamas à Ramallah, Yazeeb Khader, a révélé, lundi dernier au « Wahington Times », qu’« après la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza en 2007 et par le Hezbollah au Liban en 2008, le pouvoir sera renversé en Jordanie en 2009 et en Egypte en 2010 ». Ainsi, l’encerclement d’Israël sera achevé et l’Etat hébreu sera réellement mort, comme le prédit encore aujourd’hui le président Ahmadinedjad.


C’est exactement le projet proposé par la Révolution iranienne et promu par tous ceux qui ont un compte à régler avec l’Occident en général et avec les Etats-Unis en particulier : un « nouveau Moyen-Orient » façonné par la République islamique et marqué, effectivement, par le totalitarisme religieux. Ce vaste projet trouve de nombreux adhérents en Occident, particulièrement en France. Du moins, ce que semblent confirmer les propos de quelques intellectuels de l’Hexagone. A titre d’exemple, le 6 mai 2008, lors d’une rencontre tenue au Centre d’accueil de la presse étrangère à Radio-France, à Paris (CAPE), l’écrivain Charles Saint-Prot, souvent cité par le réseau « Voltaire » de « l’effroyable imposteur » Thierry Meyssan, a critiqué avec virulence « le complot (américano-sioniste) qui vise la déstabilisation de la région ».

Furieux, il a invité ses contradicteurs à lire la presse pour comprendre les enjeux : « il n’y a pire d’un aveugle que celui qui ne veut voir », a-t-il répondu à un intervenant qui a osé rappeler que les complots sont nombreux et que le Liban a souffert aussi des comploteurs syriens et iraniens davantage que du complot américain actuel. En tout cas, moins d’une semaine après, Charles Saint-Prot doit être « ravi » d’apprendre que le complot est cette fois-ci iranien, et vise la Jordanie et l’Egypte. Et c’est Yazeeb Khader qui le lui rappelle. Le responsable du Hamas lui rappelle aussi qu’« il n’y a pas pire d’un aveugle que celui qui ne veut voir ».

Richard Labevière, un autre écrivain et journaliste de RFI, devenu une « référence » pour l’axe syro-iranien grâce à ses nombreux livres sur les relations entre Jacques Chirac et Rafic Hariri (entre autres), a critiqué « les leaders libanais qui s’allient avec l’étranger contre les intérêts du Liban ». Il a nommément cité Samir Geagea accusé de comploter avec Washington. Mais fidèle à ses maîtres (ses maîtres à penser au moins), Labevière a « trahi » l’impartialité qu’il prétendait défendre. Il a fait l’éloge du « Grand leader maronite Sleiman Frangieh, intègre et patriote... », oubliant au passage les déclarations de ce même Frangieh qui n’a jamais caché son alliance avec Damas. Une autre révélation a trahi Labevière : « Je serais à Ehden (fief ds Frangieh) le 13 juin pour une grande cérémonie commémorant le 30ème anniversaire de l’assassinat de Tony Frangieh », a-t-il sifflé discrètement dans l’oreille d’un journaliste libanais.

Désormais, comme des lignes de démarcation sont tracées sur le terrain de la confrontation, comme au Liban, à Gaza et au Yémen, et bientôt en Jordanie et en Egypte comme le prédit le Hamas, deux pays qui craignent une alliance entre les Frères musulmans et l’axe syro-iranien (cliquez ici pour lire les craintes de la Jordanie et cliquez ici pour comprendre les inquiétudes de l’Egypte), d’autres lignes seront tracées entre certains intellectuels et journalistes qui surfent sur cette confrontation pour se faire une renommée (et probablement davantage), et les autres. Il est vrai que l’axe syro-iranien a remporté une manche dans la bataille, ce qui réjouit ses relais en Occident, mais ce n’est qu’une bataille, et « rira bien celui qui rira le dernier ».

Reste que le plus inquiétant est « l’infiltration méthodique » menée en Occident par l’axe syro-iranien. Après Yves Bonnet, ancien chef de la DST, et Thierry Meyssan, Téhéran, Damas et leurs alliés libanais recrutent des journalistes et des écrivains occidentaux (et arabes, comme la presse algérienne notamment) pour donner de l’écho et du crédit à leur politique. Bien que la liberté de la presse est très chère pour les Européens, il est légitime de s’interroger : comment ce genre de journalistes peuvent-ils diriger des organes de presse étatiques (RFI) et des centres d’études géopolitiques, alors qu’ils s’allient à des pays officiellement en conflit avec les leurs ?

Khaled Asmar (http://mediarabe.info/spip.php?article1410)