lundi, mai 12, 2008

Liban : le Hezbollah mène son coup d’Etat et occupe Beyrouth. La "vraie résistance" se met en place...




La milice du Hezbollah, jadis nommée Résistance, a pris d’assaut les quartiers sunnites de Beyrouth. L’armée libanaise refuse d’intervenir et paradoxalement, elle demande aux médias du courant du Futur de cesser d’émettre. La milice du Hezbollah étend le chaos dans d’autres régions pour saucissonner le pays et le soumettre.

Jeudi, Hassan Nasrallah, le représentant du Guide de la République islamique d’Iran au Liban, a rejeté les décisions du gouvernement légitime portant sur le démantèlement du réseau téléphonique parallèle installé par le Hezbollah, et le limogeage du chef de la sécurité de l’aéroport, Wafik Chkeir. Nasrallah a accusé le gouvernement de lui avoir déclaré la guerre, et a annoncé « une guerre totale contre les Américains et les Sionistes, représentés par la majorité libanaise ». Quelques heures après ces propos, la milice du Hezbollah a retourné une nouvelle fois ses armes vers l’Etat libanais et a occupé plusieurs quartiers sunnites de Beyrouth, notamment Hamra, Verdun et Béchara el-Khoury. La résidence de Saad Hariri est encerclé, ainsi que le siège du gouvernement. L’armée libanaise refuse de s’interposer entre les belligérants. Pire encore, des officiers ont demandé aux médias du courant du Futur de cesser d’émettre. Ainsi, les deux chaînes Futur-TV (hertzienne et satellitaire), Radio-Orient et le quotidien Al-Mustaqbal, ont cessé toute activité.

Officiellement, le commandement de l’armée met en garde contre « la division de la troupe sur des critères confessionnels », et craint la « désertion des militaires chiites ». Mais en réalité, le général Michel Sleiman a toujours été proche du Hezbollah et de la Syrie, et il l’a prouvé lors de la guerre de Nahr El-Bared contre le Fatah Al-Islam, l’un des groupes terroristes mis en place et manipulés par Damas. Sleiman est accusé d’avoir
laissé s’échapper Chaker Al-Abssi pour satisfaire le régime de Bachar Al-Assad et accroitre ses chances d’être élu à la présidence de la République. Aujourd’hui, il semble s’allier au Hezbollah au détriment du gouvernement et de la majorité parlementaire.

Les masques tombent successivement. Après l’encerclement de Qoraïtem (résidence Hariri), de Clémenceau (résidence de Joumblatt) et le Sérail (siège du gouvernement), le Hezbollah menace la Banque centrale à Hamra, sans doute pour écarter aussi son gouverneur Riyad Salamé de la course à la présidence. Le parti de Dieu cherche aussi à saucissonner le Liban en isolant notamment la région druze du Chouf. Des accrochages sont en effet signalés à Aramoun et à Bchamoun et les routes reliant Hasbaya, dans le sud de la Bekaa (réservoir humain druze) et le Chouf sont coupées.

Le Hezbollah tente ainsi de reproduire au Liban l’expérience de Gaza afin d’imposer une nouvelle donne régionale et de
concrétiser l’empire perse. De ce fait, la « vraie résistance » semble se mettre en place. La situation impose en effet aux défenseurs historiques de la souveraineté du Liban et de son indépendance de s’organiser pour reprendre du service, relever le défi et empêcher l’annexion du Liban par l’Iran et son utilisation comme une monnaie d’échange dans le bazar du nucléaire iranien. Le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, doit réunir dans les heures qui viennent l’ensemble des députés et des dirigeants de la majorité pour examiner la situation et prendre les décisions qui s’imposent. Il est peu probable que la majorité accepte la capitulation devant l’axe syro-iranien. Tout semble converger vers l’organisation d’une résistance libanaise regroupant les chrétiens - à l’exception d’une poignée de personnes, aveuglées par l’argent propre des mollahs, et qui croient encore le discours du général Aoun - les sunnites et les druzes, ainsi qu’une partie des chiites qui rejettent les thèses du Hezbollah et son concept iranien de Wilayat Al-Faguih.

Ainsi, de nouvelles lignes de démarcation seront tracées et la parenthèse ouverte par les accords de Taëf, qui ont mis un terme à la guerre en 1990, se referme. Une autre peut s’ouvrir, car il est inconcevable que la majorité des Libanais accepte la soumission à la Mollarchie et de faire partie de
l’empire perse.

En dépit des difficultés techniques auxquelles nous sommes confrontés au Liban, MediArabe.info tentera, autant que possible, d’informer et de suivre l’évolution de la situation.