Alors que l’enquête dans l’attentat qui a coûté la vie au futur commandant de l’armée libanaise, le général François Al-Hajj, vient à peine de commencer, le quotidien koweïtien « Al Seyassah » a pointé, dans son édition du 16 décembre, un doigt accusateur vers le Hezbollah qui, selon le journal, « n’apprécierait pas qu’un maronite issu du Sud puisse commander l’armée ».
L’enquête concernant l’assassinat de François Al-Hajj semble progresser. Les autorités libanaises auraient obtenu les enregistrements des caméras de surveillance du garage où la BMW - qui a explosé et pulvérisé la voiture de François Al-Hajj - avait été achetée, moins de 24 heures avant le crime. A partir de ces images, les enquêteurs ont établi le portrait robot de deux suspects.
Mais pendant ce temps, et bien avant la fin de l’enquête, le quotidien « Al Seyassah » a accusé le Hezbollah d’être « le premier bénéficiaire de ce crime », et le désigne d’en être l’instigateur, sans avancer la moindre preuve sur cette culpabilité. Le quotidien semble ainsi faire un « procès d’intention » au Hezbollah.
Pourtant, le Hezbollah et ses médias, notamment la télévision « Al-Manar » et le journal « Al-Akhbar », avaient longuement condamné l’assassinat de François Al-Hajj. Les militants du parti de Dieu ont massivement participé aux obsèques de l’officier et le parti a convenablement honoré le « martyr ». Mais le quotidien évoque une « hypocrisie du Hezbollah » et accuse ses dirigeants de « verser les larmes de crocodiles ». Le journal reconnaît pourtant que François Al-Hajj avait toujours refusé de travailler avec Israël et de se joindre à l’Armée du Liban Sud (ALS), une milice aux ordres de Tsahal. Devant ce refus, la voiture d’Al-Hajj avait été plastiquée à Rmeïch, son village natal, en 1976.
Ainsi, le patriotisme d’Al-Hajj ne l’a pas sauvé. Bien au contraire, selon le quotidien, « le Hezbollah, directement ou par l’intermédiaire des organisations palestiniennes ou radicales, qui gravite sur l’orbite de la Syrie, a assassiné l’officier supérieur pressenti pour commander l’armée ». Car, explique le même journal, « le parti chiite refuse que l’armée soit dirigée par un général issu d’un village maronite situé dans le Sud du pays, ou dans la Bekaa, deux régions à dominante chiite ». « Le Hezbollah craint pour son influence », explique le journal, qui rappelle qu’« au moins huit officiers chrétiens issus de la Bekaa avaient été enlevés et tués par des chiites depuis le début de la guerre au Liban, en 1975 ». Et l’assassinat de François Al-Hajj répond à cette même logique conclut-il.
Traduction et synthèse de Chawki Freïha
Lire l'article original : Al Seyassah - Koweït