Le régime syrien peut se réjouir : après avoir bloqué la situation au Liban durant deux ans, il se présente comme celui qui a favorisé la solution. Pour le moment, seule la France croit ce mensonge sans broncher. Bernée, elle reprend le dialogue avec Damas, au plus haut niveau.
Mais parallèlement, la Syrie poursuit son travail de sape, et les services de renseignements syriens multiplient les efforts afin de briser la majorité parlementaire, coalisée dans le cadre de l’Alliance du 14 mars. La première cible est le député sunnite de Tripoli Mohammed Safadi, ministre sortant des Travaux Publics et des Transports dans le gouvernement démissionnaire de Fouad Siniora.
Damas promet de lever tous les obstacles qui empêchent Safadi de parvenir à la tête du gouvernement, au lendemain des prochaines élections législatives du printemps 2009. D’ores et déjà, sans doute dans la même perspective, le groupe parlementaire du général Michel Aoun l’a proposé pour former le gouvernement lors des consultations qui ont précédé la désignation de Siniora, le 28 mai dernier.
Selon le quotidien koweïtien « Al Seyassah », la manœuvre syrienne vise à diviser la communauté sunnite, afin d’affaiblir le courant du Futur de Saad Hariri, en attirant Safadi, et avec lui le groupe des députés de Tripoli, dans les rangs de l’opposition. Selon les rapports des renseignements syriens, Safadi serait à deux doigts de rejoindre l’opposition, les promesses étant très alléchantes. Ce scénario se produit également avec d’autres personnalités sunnites libanaises avec lesquels les Services syriens manient « la carotte et le bâton ». Conjointement, ils leur promettent aides et soutiens politiques pour rejoindre l’opposition, mais aussi les menacent s’ils persistent à soutenir la majorité anti-syrienne.
Ainsi, Damas a plié devant la tempête pour ne pas rompre, et a accepté un déblocage momentané de la crise au Liban, tout en négociant avec Israël. Ce qui lui a permis de « rouler la communauté internationale dans la farine ». Après la souveraineté du Liban, la France est la deuxième victime de ce machiavélisme syrien.
Traduction et synthèse de Chawki Freïha.