lundi, octobre 08, 2007

Obsédé de pouvoir, le général Aoun cherche sponsor. Il est temps de prendre sa retraite...



Champion de la lutte contre les corrompus, il s’allie au symbole de la corruption. Commandant en chef de la "libération", il s’allie avec l’occupant. Le général Michel Aoun vieillit mal. Il est temps de prendre sa retraite.


Ceux qui ont suivi la conférence de presse du général libanais Michel Aoun (72 ans), le 29 novembre 2006 à la télévision, étaient beaucoup plus chanceux que les journalistes qui ont assisté, tétanisés, à cette conférence dans la salle de presse de Rabieh.


Ils n’ont pas eu à supporter en direct l’imposante ambiance de l’hypocrisie et de la malhonnêteté intellectuelle de l’orateur. Mais les uns comme les autres, ils ont remarqué les traits tirés du général, la dispersion de ses pensées et ses difficultés à se concentrer. Les Libanais s’étaient pourtant habitués à voir en lui un homme radieux, animé par une sincère volonté de libérer son pays de l’occupation syrienne.


Mais le général Aoun qui a habitué son peuple à son héroïsme, demeure dans son exil parisien. Celui qui a regagné le Liban, en mai 2005, est un autre général, désormais baptisé « Pétain des temps modernes ». Est-ce à dire que l’homme s’est fait cloné ? Cette hypothèse est peu probable. Mais de l’avis des spécialistes, le héros vit une crise de schizophrénie aiguë.


Obsédé par la présidence de la République, il considère que tous les moyens lui sont bons pour y accéder.


En effet, celui qui fut considéré comme le « héros de la libération » (1989) avait mené toutes ses guerres dans le même objectif : acheter son ticket d’entrée au Palais présidentiel de Baabda, fut-il en ruine. Pour plaire au Grand électeur syrien, il lui fallait unifier le camp chrétien en éliminant les Forces Libanaises. Pari perdu, il a signé sa reddition en se réfugiant à l’ambassade de France, le 13 octobre 1990, après avoir livré le pays tout entier à l’occupant.


Son militantisme n’a pourtant pas faibli, et il s’est mobilisé pour dénoncer la corruption et les corrompus installés au pouvoir au Liban. Il a été poursuivi par la justice libanaise, sans s’inquiéter, pour d’obscures affaires financières liées à la période de la guerre de libération. Surfant sur la volonté américaine d’en découdre avec les Etats terroristes et bandits, au lendemain du 11 septembre 2001, il a soutenu le Syrian Accountability Act, puis la résolution 1559.


Après le retrait de l’armée syrienne, qui a laissé ses agents sécuritaires et politiques au Liban, le président libanais, l’autre général Lahoud, envoie son fils à Paris pour convaincre Aoun de regagner le pays et de contribuer à son salut, moyennant l’annulation de toutes les procédures judiciaires diligentées contre lui.


La manœuvre était subtile. Elle visait à diviser la scène chrétienne qui venait de se souder au sein de la « Révolution du Cèdre ».


Dès son arrivée, Aoun a parié sur une défaite américaine en Irak et changé de « planche », pour surfer sur le désir syrien de reconquérir le Liban. Il s’est alors allié avec le symbole de la corruption sensé la combattre, Michel Murr, un allié de Damas, et a défendu Lahoud dont le mandat est contesté. Il a pris à contre-pied ses partisans et s’est allié au Hezbollah, lui assurant une couverture et une légitimité chrétienne… Mais ceci ne met pas Aoun définitivement à l’abris. Il est passible d’une « fatwa » iranienne, puisqu’il a osé démentir le Guide de la République islamique, Ali Khamenaï.


Aoun a affirmé, dans sa conférence de presse du 29 novembre, que « l’Iran ne s’ingère pas dans les affaires libanaises », contredisant le Guide qui affirmait, le 14 novembre, que « le Liban sera le théâtre où devront être défaits les Etats-Unis et Israël, grâce à l’action et à la personnalité exceptionnelle du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah », l’allié de circonstances.


Aujourd’hui, Aoun perd le nord, renie son combat patriotique, appelle les Libanais à descendre dans la rue pour renverser le gouvernement issu des élections et de la « Révolution du Cèdre », pour restaurer l’ordre syrien et enfin devenir président. Mais à force de changer de vestes, ses alliés d’aujourd’hui lui tourneront le dos demain, car ils ne lui font plus confiance. L’âge de sa retraite n’est-il pas encore arrivé ?


(Par Khaled Asmar,vendredi 1er décembre 2006 - 00h05 , http://www.mediarabe.info/spip.php?article162)