jeudi, janvier 25, 2007

QUI EST CE MICHEL AOUN?

Michel Aoun, (ميشال عون) né en 1935 à Harat Hurayk dans la banlieue sud de Beyrouth, est un militaire et homme politique libanais. Du 22 septembre 1988 au 13 octobre 1990, il occupe le poste de chef de l'un des deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir. Bien que constitutionnelle et légale, l'administration d'Aoun ne recueille cependant que peu de reconnaissance internationale.
Formation

Chrétien maronite, de famille modeste et très religieuse, il fréquente des écoles catholiques. Aoun termine ses études en 1956 et s'engage à l'Académie militaire comme officier cadet. Trois ans plus tard, il obtient le grade d'officier d'artillerie au sein de l'armée libanaise. Il reçoit ensuite des formations supplémentaires à l'Ecole d'application d'artillerie de Châlons-sur-Marne, en France (1958-1959), puis à Fort Sill, dans l'Oklahoma aux États-Unis (en 1966) et à l'École supérieure de guerre, en France (1978-1980).

Michel Aoun dans la guerre du Liban

Lors de l'invasion du Liban par
Israël en 1982, Aoun, alors lieutenant-colonel, mobilise un bataillon armé pour défendre le palais présidentiel de Baabda, craignant qu'il ne soit l'objet d'attaques. Puis, lors de la guerre civile libanaise, en septembre 1983, la 8e brigade d'Aoun combat avec succès les milices alliées druzes (Walid Joumblatt), palestiniennes et syriennes dans la bataille de Souq el-Gharb. En juin 1984, Aoun est nommé commandant en chef de l'armée libanaise.
En septembre
1988, le président sortant Amine Gemayel désigne Michel Aoun comme premier ministre jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Cette nomination est cependant d'une validité incertaine, en contradiction avec le Pacte national de 1943 qui réserve le poste de Premier ministre à des musulmans sunnites. Gemayel justifie ce choix par le fait que le Pacte national réservant également la fonction de président aux chrétiens maronites, et puisque le premier ministre assume les prérogatives d'un président en période intérimaire, un maronite peut convenir à ce poste de façon temporaire. La Constitution libanaise elle-même n'aborde pas ce sujet, points qui ne seront pas clarifiés avant l'accord de Taef en 1989, lequel codifie l'attribution des postes de fonctions exécutives selon des confessions précises.
Michel Aoun peut alors compter sur l'appui de 40% de l'
armée libanaise, comprenant toute l'artillerie lourde, la milice des Forces libanaises dirigée par Samir Geagea, le Parti national libéral et son leader Dany Chamoun, ainsi que du soutien du président irakien Saddam Hussein.
Le premier ministre démissionnaire
Salim El-Hoss s'oppose à Aoun sous la pression de la Syrie. Deux gouvernements sont formés, un gouvernement civil tenu par al-Hoss à Beyrouth-Ouest, et un militaire dirigé par Aoun à Beyrouth-Est. Aoun contrôle ainsi des parties de l'est de Beyrouth ainsi que des zones limitrophes périphériques. Au printemps 1990, mettant un terme à son alliance avec les Forces libanaises, Aoun utilise l'armée pour arracher à ces dernières le contrôle des ports qu'elles tenait, dans le but de rassembler des fonds douaniers pour son gouvernement. De nombreux observateurs suggèrent que la vraie raison de cet assaut contre les Forces libanaises fut d'inciter les leaders arabes à le considérer comme le véritable chef de l'État libanais. De plus, en attaquant les Forces libanaises, Aoun prouve son détachement des réflexes communautaires religieux.
Suite aux attaques et aux attentats répétés de l'armée syrienne, Aoun lance la "guerre de libération" le
14 mars 1989. Dans les mois qui suivent, l'armée libanaise d'Aoun et les forces syriennes échangent des tirs d'artillerie à Beyrouth . Aoun critique alors le soutien américain à la Syrie, et se rapproche de l'Irak, acceptant les fournitures d'armes de Saddam Hussein. En mai 1989 il est visé par un attentat lors d'un déplacement à Chypre.
En octobre
1989, des membres de l'Assemblée nationale libanaise se rencontrent pour l'établissement de l'accord de Taef, dans le but d'apaiser le conflit libanais mais aussi d'assoir l'occupation syrienne. Aoun refuse d'y prendre part, dénonçant certains points ambigüs de l'accord, notamment au sujet de l'occupation syrienne, ainsi que les hommes politiques s'y impliquant (qui n'ont plus été élus depuis 1972) et promulgue un décret qui dissout l'Assemblée Nationale et ce, dans le but de tenir de nouvelles élections sous couvert des Nations-Unies. Notons que Aoun a dissout l'Assemblée Nationale avant la rencontre de Taëf pour confirmer aux dits députés depuis 1972 qu'il ne représente plus les libanais. En fait, la moitié de ses députés n'ont pas participé à la rencontre de Taëf pour raison de mort ou d'opposition à leurs collègues pro-syriens et pro-américains. Son appel est ignoré par la communauté internationale et dans la foulée des accords de Taef, René Moawad est élu président par l'Assemblée en novembre. Sa présidence ne tient que 17 jours jusqu'à son assassinat, Elias Hraoui est alors élu à sa place. Hraoui désigne le général Émile Lahoud comme commandant de l'armée et somme Michel Aoun de quitter le Palais présidentiel. Aoun rejette son éviction et contre-attaque les assauts de la milice des Forces libanaises qu'il accuse de négocier secrètement avec le gouvernement pro-syrien de Salim El-Hoss, dans un conflit qui s'étend de janvier à mai 1990.
La position de Aoun se détériore lorsque
Saddam Hussein lance l'invasion du Koweit le 2 août 1990. Les États-Unis recherchent le soutien des pays arabes pour légitimer leur intervention et le président syrien Hafez el-Assad se range alors à leurs côtés. En retour, les États-Unis acceptent tacitement que la Syrie prenne le contrôle du Liban. Le 13 octobre 1990, Hafez el-Assad, allié depuis le mois d’août des Américains, des Britanniques et des Français dans le conflit du Golfe, lance ses troupes à l’assaut des régions contrôlées par Aoun et du Palais Présidentiel. Le Général Aoun, tombé aux premières heures de la matinée dans un traquenard à l’ambassade de France, lance un appel au cessez-le-feu. Il est désormais sous la protection de René Ala, l’ambassadeur de France à Beyrouth [1]. Exfiltré par Philippe Rondot (DGSE), dix mois plus tard, il part en exil en France. Empêché par les autorités françaises d'exercer toute activité politique, Michel Aoun lance par procuration un parti politique, le Courant patriotique libre qui n'aura de cesse d'œuvrer pour la libération du Liban de l'occupation syrienne.

Aoun après la fin de la guerre

Depuis 1992, Michel Aoun préside le
Courant patriotique libre (CPL). La naissance du Courant s'est faite dans une conjoncture de pression populaire autour de la résistance à l'offensive militaire ennemie, de la libération, du retour au pouvoir du droit et de la reconstruction de la nation. Le Courant regroupe une élite de militants engagés, pour la plupart des jeunes, des universitaires, des avocats, des ingénieurs, des médecins et des instituteurs, tous bénévoles dans cette lutte pour l'atteinte des objectifs nationaux.
En
2003, le candidat du CPL dirigé par le général Aoun, Hikmat Dib, s'approche de façon inattendue de la victoire dans une élection clé dans la circonscription de Baabda-Aley avec le soutien de figures politiques opposées à l'occupation syrienne telles Solange et Nadim Gemayel (la veuve et le fils de l'ancien Président Béchir Gemayel, qui fut assassiné en 1982), ainsi que d'hommes politiques de gauche comme George Hawi du Parti communiste libanais, cela bien que l'essentiel de l'opposition soutenait le candidat du gouvernement, Henry Hélou, proche du pouvoir pro-syrien de l'époque.
Le
29 janvier 2005, Aoun déclare qu'il pourrait revenir au Liban pour se joindre à l'opposition au gouvernement pro-syrien. Le 14 février 2005, un attentat à l'explosif tue l'ancien premier ministre du Liban Rafik Hariri. Les services de renseignements syriens sont montrés du doigt par l'opposition. Cet assassinat marque le début de ce que certains appellent la Révolution du cèdre, qui conduit au départ de la totalité des troupes syriennes fin avril 2005, au retour du general Aoun au Liban et à la sortie de Samir Geagea de prison.
Aoun se rend à Beyrouth le
7 mai 2005 après 15 ans d'exil en France. Le 14 juin 2005, Michel Aoun est élu député de Kesrouan du Mont-Liban. Son bloc parlementaire comporte actuellement 21 députés.
Son bloc (
Bloc de la réforme et du changement) fait partie de l'opposition à l'actuel gouvernement du premier ministre Fouad Siniora.
Le
6 février 2006, et après plusieurs mois de négociations entre le CPL et le Hezbollah, le général Michel Aoun rencontre Hassan Nasrallah (secrétaire général du Hezbollah) pour signer un document d'entente de 10 points concernant directement l'avenir du Liban.[2]. Les principaux points de ce document d'entente sont actuellement repris dans tous les accords du dialogue national libanais toujours en cours.
Le 1er décembre 2006, Michel Aoun, en qualité de porte parole de toute l'opposition appelle à la démission du gouvernement Siniora lors d'une manifestation réunisant 800 000 personnes
[3].

Références
SOURCE: WIKEPEDIA