vendredi, novembre 28, 2008

Damas cherche toujours à « détrôner » le Patriarche maronite. La Syrie invite Michel Aoun à inaugurer une église.





Le point de vue de Khaled Asmar

Damas cherche toujours à « détrôner » le Patriarche maronite. La Syrie invite Michel Aoun à inaugurer une église.

Comme nombre de ses partisans, le vieux général a déposé les armes et vendu son âme

jeudi 27 novembre 2008 - 19h13, par Khaled Asmar - Beyrouth

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Il aime comparer sa visite en Syrie à celle du général Charles de Gaulle en Allemagne, en 1962, 17 ans après la fin de la seconde guerre mondiale et du conflit franco-allemand. Le général Michel Aoun sera accueilli en Syrie, dans les prochains jours, avec tous les honneurs. Damas tente de le renflouer après avoir perdu sa popularité au Liban.

Pour que la comparaison entre Michel Aoun et Charles De Gaulle soit exacte, le site libanais « Youkal.net » propose de réécrire l’histoire de France. Ainsi, écrit le site, « il faudra désormais apprendre que le général de Gaulle est revenu en France grâce à un accord avec le gouvernement de Vichy, et dès son retour d’exile, il a protégé le général Pétain et défendu le régime nazi face à la résistance française accusée de commettre des attentats contre Hitler et ses héritiers. De Gaulle a conclu des accords avec le régime de Vichy et défendu le régime nazi au nom de la stabilité de l’Europe et du monde. De Gaulle s’est dressé contre le procès de Nuremberg, estimant que les crimes commis par les nazis étaient une invention des mouvements anarchiques européens animés par une volonté de vengeance. Ainsi, de Gaulle a lâchement oublié ses discours aux Français prononcé depuis son exile à Londres, et s’est rendu en Allemagne au nom de la paix. De Gaulle est mort, vive Michel Aoun » (fin de citation).

Mais rien à faire, Michel Aoun veut justement devancer la justice internationale, et se rend en Syrie la semaine prochaine, au moment où l’ONU fixait la date de l’installation du Tribunal pénal international, devant juger les assassins de Rafic Hariri, au 1er mars 2009. Aoun et ses hôtes veulent sans doute pouvoir le bloquer, ou négocier une issue favorable de la justice, en prenant en otage les élections législatives prévues au Liban en mai 2009, exactement comme ils avaient pris les présidentielles en otage, en 2007 et 2008.

Ainsi, le régime syrien prépare un accueil populaire triomphaliste à un visiteur de marque, et invite Michel Aoun à inaugurer une église, dans une ultime tentative de renflouer sa popularité effondrée au Liban. Pourtant, au même moment, la justice militaire syrienne juge des chrétiens syriens (syriaques et chaldéens) accusés, comme les kurdes, de menacer la sécurité nationale. Le régime continue également d’ignorer les demandes de libération des dizaines de détenus libanais, arrêtés arbitrairement depuis trois décennies pour les plus anciens. Parmi ces derniers figurent plusieurs militaires capturés pendant la « Guerre de libération » décrétée par le même Michel Aoun contre la même Syrie !

L’autre objectif de ces cérémonies, le plus importants pour les stratèges syriens, est de détrôner le Patriarches maronite Nasrallah Sfeïr. Le chef de l’église maronite ayant eu le courage de décliner toutes les invitations formulées par Damas, et de refuser de s’y rendre pour ne pas cautionner la politique hégémonique syrienne au Liban. Sfeïr avait même refusé d’accompagner le Pape Jean-Paul II en Syrie, dans le même souci. Ce que Damas a du mal à tolérer et à digérer, et multiplie les tentatives pour remplacer le Patriarche. [Lire à cet égard notre analyse du 7 février 2008].

Ainsi, après avoir « déposé les armes » - formule devenue le titre du livre de Regina Sneïfer (récemment traduit à l’arabe), une ancienne militante des Forces libanaises devenue aouniste jusqu’à la moelle, et que les médias du Hezbollah lui réservent une place de choix pour favoriser son champion - le général Aoun, désormais baptisé le général Pétain, est décidé à « vendre son âme » et celles de ses partisans, en oubliant des milliers de Libanais tués sous ses ordres, ou torturés pour l’avoir soutenu. Mais comment peut-il en être autrement puisque « déposer les armes » signifie, en anglais, tout simplement « capituler » ?

Or, selon une lecture psychologique, Aoun pactise avec ses anciens geôliers selon deux schémas différents, mais compatibles. Le premier estime que le vieux général subit le syndrome de Stockholm et finit par aimer son geôlier. Le second, tout aussi dramatique, stipule qu’il applique le dicton relatif au métier le plus vieux au monde : il couche avec celui qui paie le plus cher. Il espère que son PACS avec Assad lui permet de retrouver le pouvoir [1]. Nous ignorons qui seront les témoins de ce PACS, et la liste non-exhaustive est longue et comprend, dans le désordre, l’émir Hamad (Qatar), Mahmoud Ahmadinedjad (Iran), Hassan Nasrallah (Hezbollah). D’aucuns n’écartent l’hypothèse selon laquelle Nicolas Sarkozy (France) puisse être sollicité !

Khaled Asmar

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